Le 1er Janvier 2017 la loi Grandguillaume entrait en vigueur. Cette loi impose aux chauffeurs de passer un examen, composé d’une épreuve théorique et d’une épreuve pratique, afin de devenir chauffeurs VTC. Jugée difficile par certains acteurs de la filière, l’épreuve théorique comporte 7 matières dont le français, l’anglais et la gestion. Cela a eu un impact direct sur l’activité puisque le nombre de VTC a considérablement chuté depuis 2017. Raison pour laquelle la Fédération Française de Transport de Personnes sur Réservation (FFTPR) a décidé de déposer un recours auprès du Conseil d’Etat.
L’intérêt de repenser l’examen VTC
En effet, la FFTPR représente plusieurs plateformes gérant les VTC. Suite à leur recours, le Conseil d’Etat a décidé de revenir sur le décret datant de 2017. On évoque la possibilité de reconsidérer toute l’organisation de l’examen qui est pour l’heure confiée à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA). L’impartialité de cette dernière a été mise en doute sachant qu’elle regroupe également de nombreux professionnels du transport commun dont les taxis. La possibilité d’un conflit d’intérêt n’est donc pas à écarter…
Dans un souci d’objectivité, les chauffeurs VTC et les chauffeurs de taxi ont été récemment invités à remplir un formulaire permettant de recueillir leurs avis sur la nécessité de simplifier l’examen. Ainsi, 1949 chauffeurs VTC et 449 chauffeurs taxi ont participé à cette étude qui permettra au Ministère du Transport de vérifier si la teneur épreuves est réellement adaptée au métier.
L’avis des professionnels
La grande majorité des chauffeurs estime que l’examen actuel est déjà simple. Pour eux, il n’y a aucune raison de le simplifier. Au contraire, certains pensent qu’il faut renforcer la difficulté notamment pour l’anglais et le français. Ce n’est pas vraiment étonnant sachant que d’une part, le taux de réussite culmine actuellement à 80% et que d’autre part le métier de chauffeur VTC, taxi ou privé requiert un certain niveau de connaissance. 74% des participants à l’étude jugent l’examen facile ou très facile, 91% des chauffeurs de taxi avouent l’avoir réussi du premier coup contre 85% pour les chauffeurs VTC. Selon ces professionnels, simplifier l’examen ne ferait que dévaloriser leur métier. Une trop grande ouverture de ce service incitera des personnes « peu qualifiées » à renforcer leurs rangs. À terme, cela aura un impact sur la qualité de service et nuira de manière générale à leur image. Sans parler du fait que la filière est déjà impactée par la crise sanitaire.
Par ailleurs, les plateformes ont un avis très différent des chauffeurs. Elles sont pour la simplification de l’examen. En effet, la filière connait selon eux une pénurie de chauffeurs, ce qui n’est pas sans conséquences sur la rentabilité de leur activité. L’offre étant largement inférieure à la demande, les chauffeurs finissent par se créer des clientèles privées sans passer par les plateformes et il n’est pas étonnant qu’ils y prennent gout. Un phénomène qui représente des manques à gagner pour les plateformes. Yves Weisselberger, président de la FFTPR parle d’un besoin de 10 000 chauffeurs supplémentaires pour renforcer les 50 000 en activité.
Outre la simplification de l’examen, les plateformes demandent également la tenue de sessions plus fréquentes et le raccourcissement de la durée de la formation, jugée trop longue. En effet, un chauffeur doit suivre une formation de 9 mois avant de pouvoir exercer.
Ce qu’en pense le Gouvernement
En 2019, le Ministère des Transports avait annoncé dans un communiqué que : « Le gouvernement examinera rapidement, et en lien avec l’ensemble des acteurs concernés, les conséquences à tirer de cette décision. Les compléments nécessaires seront apportés au décret dans le délai de six mois imparti par le Conseil d’État ».
Toutefois, après le résultat du récent sondage, Le Ministère a tenu à rassurer les conducteurs qu’aucune modification ne sera réalisée sans l’accord des chauffeurs. En effet, le Gouvernement Macron, tout comme le précédent, est favorable à la loi Grandguillaume. Néanmoins, face aux faits rapportés par la FFTPR, l’Etat ne restera pas de marbre et tout semble indiquer l’annonce imminente d’une réforme. Son objectif est de combler les besoins de la filière mais les détails concernant une éventuelle simplification de l’examen restent flous.
En tout cas, le Gouvernement envisage fortement de décentraliser la gestion du registre de l’inscription des chauffeurs VTC. Elle ne sera plus diligentée par le Ministère des Transports mais sera désormais confiée au préfet. Une nouvelle source d’inquiétude pour les chauffeurs taxi et VTC qui mettent en doute la capacité de la préfecture à avoir le niveau d’exigence nécessaire pour cette fonction.
Affaire à suivre !